L’hymne national de la Côte d’Ivoire : et si on changeait !

Article : L’hymne national de la Côte d’Ivoire : et si on changeait !
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10 novembre 2017

L’hymne national de la Côte d’Ivoire : et si on changeait !

Aujourd’hui, sans aucun préambule, je souhaite partager avec vous l’émotion qui a été la mienne… C’est une histoire qui fait appel à l’hymne national ivoirien, à des traumatismes vécus et au football. Je vais vous la raconter en me situant dans le temps et dans l’espace telle que je l’ai vécue. Elle vous paraîtra peut-être un peu brouillonne, mais je veux vous la transmettre comme elle m’est arrivée. Aussi, j’utilise le « français ivoirien » pour mieux vous traduire mon ressenti. Mais ne vous en faites pas, vous allez me comprendre !

Je vous raconte !

En fait, vous n’allez pas me croire. Tout à l’heure, il n’y a pas même 10 minutes, j’ai eu une peur terrible. J’ai commencé à trembler sur moi. Mes mains étaient devenues moites, mes pieds avaient perdu de leur vigueur, mon estomac était tout noué, et ma tête pensait à 33 milliards de choses à la fois. Beaucoup de bons et surtout de mauvais souvenirs m’ont traversé l’esprit en un éclair de seconde. J’ai instantanément formulé une prière à Dieu. Et, Dieu merci, le danger a été écarté. Je vous raconte…
En plein 11 heures-là, j’ai entendu chez le voisin, l’Abidjanaise, l’hymne national ivoirien sur la Télévision nationale ivoirienne (RTI). 

Vous êtes peut-être prêt à lancer le petit juron préféré des Africains, le fameux « Tchrouu », et à passer votre chemin… Mais attendez d’abord ! Pour les citoyens ivoiriens d’avant avant, qui savaient regarder et comprendre un peu les choses : ceux-là m’ont certainement déjà compris. Pour les autres : j’explique !

Patience, vous allez me comprendre !

A chez nous pays ici, depuis les débuts des années 1990, l’hymne national de la République de Côte d’Ivoire, a été associé à des cataclysmes politiques et sociaux importants. Cataclysmes qui ont fait que nous cousons et recousons sans cesse le tissu social. Je vous dresse une liste non exhaustive des événements qui ont mobilisé « l’Abidjanaise », triste communication. Cela vous permettra de mieux me comprendre, enfin je l’espère. Je vous préviens, la liste, bien que non exhaustive, est longue ! 

L’annonce du multipartismela mort de Nanan Félix Houphouet Boigny – les déclarations de guéguerre des deux frères du RHDP – la déclaration du Comité National de Salut Public (coup d’état de 1999)l’annonce de l’irrecevabilité de certaines candidaturesl’appel à faire respecter le choix des urnesle discours d’après une visite à Rome : Objectif mater une rébellion – l’appel à des marches pour dire non à la rébellion – re-appel à la marche pour faire barrage à l’armée française – re-re-appel pour soutenir un président contesté – annonce qu’on a un nouveau président, etc.

L’angoisse de vivre une nouvelle crise…

Alors, dans un contexte où les traumatismes et les blessures sont encore vivaces, et où aujourd’hui, le chien de chasse mordille la jambe de son maître, j’ai été inquiet. Pour que vous me compreniez, je vous transmet ici quelques articles de l’actualité du moment : AfricaNews : «Côte d’Ivoire – Affaire cache d’armes : le chef de protocole de Soro Guillaume coincé». Radio France International (RFI) : «Côte d’Ivoire: un proche de Guillaume Soro écroué pour ‘complot’». AbidjanTV.net : «Les “proches” de Guillaume Soro “désormais interdits de sortir” de la Côte d’Ivoire». Jeune Afrique : «Côte d’Ivoire : Soro, l’homme pressé… d’être en 2020» et «Côte d’Ivoire : Obasanjo joue les médiateurs entre Ouattara et Soro». Connectionivoirienne.net : «Au cœur de la Guerre Ouattara-Soro en Côte-d’Ivoire».

Chez moi, le sac de riz est gbôlô (à plat). Il n’y a plus un seul morceau du fameux Gabriel (viande de porc) au frigo. La bouteille de gaz est presque vide. La trousse à pharmacie n’a plus de médocs antipaludiques. Et dans ma poche, il n’y a que le son peu flatteur de petites pièces de monnaie qui se fait entendre. Concernant l’huile, oui, oui, il y en a suffisamment en réserve… 

Au regard de tout ce qui précède, j’ai donc été un peu inquiet. Inquiet de n’avoir plus de provisions si une autre crise politique s’annonçait. Car, chez nous, quand il y a une crise politique, on ne peut ni acheter ni vendre. Les banques ferment et même les médicaments font l’objet d’embargo. Seul Dieu est notre remède à tout, pas étonnant que beaucoup se disent croyants !

La vraie signification de l’hymne entendu…

En fait, si j’ai bien tendu l’oreille, il ne s’agit pas d’un autre cataclysme politique en cours. Il s’agit tout simplement de l’annonce de match de football ! Ainsi, en vue d’une qualification pour le mondial 2018 en Russie, la mobilisation générale des supporteurs est sollicitée. Les « Eléphants » de Côte d’Ivoire croiseront le fer avec les « Lions de l’Atlas » du Maroc. Le match est prévu  le samedi 11 novembre à 17 h 30 au Stade Félix Houphouet Boigny d’Abidjan.

Pour ce dernier match qui verra la qualification de l’équipe victorieuse, des légendes auraient été appelées. DROGBA Didier, celui que tous les Ivoiriens appellent « gbagbadê », « la gazelle de Niaprahio », « le 11, bus le plus régulier d’Abidjan » sera semble t-il de la partie. Aussi, « le monstre », « le maestro du milieu de terrain », « El Commandante », Yaya TOURE aurait répondu à l’appel du pays.

Reste donc à espérer une chose importante. Que l’hymne national qui se fera entendre ce jour-là ne réveillera pas chez les joueurs, comme chez moi, des traumatismes. Non pas le traumatisme motivant d’une défaite passée face au Cameroun de Samuel Eto’o Fils. Mais le traumatisme handicapant des bruits de bottes, d’hélicoptères en action, du sol qui tremble devant la violence des bombes qui s’abattent.

Enfin, je termine en osant faire un vœu. Mon souhait, c’est que « l’Abidjanaise », l’hymne national ivoirien, soit changé ! La raison est simple : je suis traumatisé quand j’entends « l’Abidjanaise » aujourd’hui encore.

Donc, excusez-moi de vous avoir dérangé avec ma folle inquiétude. Je ne saurais terminer sans toutefois rappeler une exigence importante. La promotion et le respect des droits fondamentaux ne peut se faire durablement que dans une société qui connait la paix. Aussi, nous appelons nos gouvernants à plus de responsabilité pour éviter au pays des troubles inutiles.

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