Darwin, théorie de l’évolution et racisme : enquête du petit kettinois

Article : Darwin, théorie de l’évolution et racisme : enquête du petit kettinois
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23 octobre 2017

Darwin, théorie de l’évolution et racisme : enquête du petit kettinois

Ce mois d’octobre 2017, des photos de chimpanzé, de babouin et autres animaux accolées à celles d’Africains ont été présentées. Les faits se sont déroulés dans un musée de Wuhan dans la province de Hubei en Chine. En visionnant la vidéo mise en ligne, en tant qu’Africain, choqué, je n’ai pas pu m’empêcher de m’interroger. Alors,  je me suis demandé s’il existe un lien possible entre Charles Darwin, la théorie de l’évolution et le racisme.

Ainsi, pour me faire une opinion plus sereine, encore une fois, j’ai fait parler la boîte magique. Au terme de mes recherches, ma perception de Darwin et de la théorie de l’évolution s’est vue changée.

Charles Darwin et son environnement raciste…

Aujourd’hui, dans tous les programmes scolaires, on étudie l’origine et l’évolution de l’espèce humaine. On évoque à coup sûr, le naturiste et scientifique anglais, Charles Darwin. On apprend de lui qu’il y a eu évolution graduelle des espèces vivantes dans la nature. Et dans un ballet de raisonnements, on apprend aussi la filiation entre les humains et les animaux (le singe particulièrement).

Pour être plus précis, on nous dit que la lignée humaine vient de l’Afrique. Pour exemple quasi-irréfutable, on rappelle la célèbre découverte de fossiles d’espèce bipède. En 1974, à Hadar en Ethiopie, on découvrait Lucy. Et pour se convaincre de la véracité de l’évolutionnisme, il faut être assez fort pour résister à une tentation raciste. Apposer côte à côte la photographie d’un singe et celle de l’homme africain.

Et pourtant, on était loin de suspecter l’environnement racistes du célèbre apôtre de la théorie de l’évolution. Tout d’abord, à l’époque de la vie de Darwin (1809-1882), l’esclavage puis le racisme étaient érigés en norme. Il n’était pas anodin de voir des noirs exposés comme des bêtes de foire. Parfois même, l’exposition se faisait dans des zoos.

Ensuite, l’entourage familial de Darwin était loin d’être angélique. Son propre cousin, Sir Francis Galton, l’un des pères de la biométrie, était connu pour ses positions racistes. Ce dernier, fonda un club et un courant scientifique de pensée imprégné de ses idées : l’eugénisme. Son courant repose en grande partie sur la théorie de l’évolution Darwinienne. Francis Darwin, fils de Charles Darwin, prendra la direction même de la fédération internationale des organisations eugénistes.

Enfin, ce n’est un secret pour personne. La théorie de Darwin et l’eugénisme de Galton ont été exploités par l’Allemagne nazie. Tantôt pour ériger une race au-dessus des autres. Tantôt pour pratiquer l’épuration des Juifs, des Tziganes et des Noirs.

Les déclarations ambivalentes de Darwin…

Concernant le scientifique lui-même, plusieurs voix se sont élevées et s’élèvent encore pour assurer sa défense. Il se dit que, même entouré de personnes montrant clairement leur dédain pour le noir, Darwin n’a pas été raciste. Et que, selon l’auteur Patrick TORT, les écrits du scientifique témoignaient de sa révolte personnelle contre l’esclavagisme.

Mais certaines déclarations de Darwin dans son ouvrage intitulé La descendance de l’homme et la sélection sexuelle, font douter plusieurs. Pour exemple, il affirme que :

« Quiconque a vu un sauvage dans son pays natal n’éprouvera aucune honte à reconnaître que le sang de quelque être inférieur coule dans ses veines. J’aimerais autant pour ma part descendre du petit singe héroïque qui brava un terrible ennemi pour sauver son gardien, ou de ce vieux babouin qui emporta triomphalement son jeune camarade après l’avoir arraché à une meute de chiens étonnés, – que d’un sauvage qui se plaît à torturer ses ennemis, offre des sacrifices sanglants, pratique l’infanticide sans remords, traite ses femmes comme des esclaves, ignore toute décence, et reste le jouet des superstitions les plus grossières. ».

Mais quel qu’il fût ou de qui son entourage ait été constitué, il ne faut pas faire d’amalgame. La théorie de l’évolution ne devrait pas souffrir des péchés, fondés ou non, des individus.

L’excuse expiatoire à la théorie de l’évolution…

Ainsi, il faudrait séparer l’idée de racisme associé (à tort ou à raison) à Darwin, à la théorie de l’évolution. Car, même si on lui concède la publicité de la théorie, un fait doit être reconnu.

L’idée de l’évolution des espèces est largement antérieure au scientifique anglais. Avant Darwin, plusieurs autres ont réfléchi sur l’hypothèse. Le français Georges Louis Leclerc Buffon, Jean-Baptiste de Lamark et l’écossais athée Robert Chambers ont avancé que la transformation d’une espèce en une autre est le résultat d’une dégénérescence. Et de plus, depuis même l’époque médiévale, des savants Arabes ont eu l’intuition de l’évolution des espèces. Ibn Miskawayh (932 – 1030), savant Perse déclarait ceci :

« L’animalité arrive finalement à la frontière de l’humanité chez le singe qui est juste un degré au-dessous de l’homme dans l’échelle de l’évolution. ».

Par conséquent, il faut peut-être commencer par adopter une attitude autre. Celle de cesser de résumer la théorie de l’évolution à l’idée de sélection naturelle de Darwin. Car l’évolutionnisme possède en réalité plusieurs autres piliers. La physiologie, l’écologique, l’anatomie comparée, la paléontologie et plus récemment la génétique soutiennent aussi l’idée de l’évolution des espèces.

En conclusion, à notre avis, le point de vue raciste de la théorie de l’évolution doit être abandonné. Car, en réalité, la théorie évolutionniste ne repose pas uniquement sur les travaux de Charles Darwin.

L’épilogue, à retenir…

Pour revenir à la honteuse exposition photographique qui m’a révolté au point de me faire extrapoler, je dirais deux choses.

La première : Pour éclairer mon analyse, je dirais que je ne peux pas affirmer avec certitude que Darwin ait été raciste. Cependant, ce qui me semble évident à comprendre, c’est que la théorie de l’évolution ne doit pas se résumer à Darwin. Non plus se résumer à des individus et leurs supposées dérives personnelles. Car, bien d’autres avant Darwin ont travaillé sur la question de l’évolution. Et elle a germé dans l’esprit de nombreux individus, de toutes les origines, de toutes les races. 

Donc, dire que Darwin ait été raciste (c’est encore matière à discussion) ne devrait avoir aucune incidence sur l’évolutionnisme. Mais ce qui me semble claire, c’est que la théorie de l’évolution en elle-même n’est pas raciste. On peut l’accuser d’être une position athée, en ce qu’elle va à l’encontre de la position créationniste (Dieu créa l’homme), mais pas plus.

La seconde : La volonté inavouée de présenter l’Africain comme un animal (dans le cas d’espèce), démontre une chose importante. Tout esprit humain aussi brillant soit-il peut avoir des moments d’étroitesse. C’est humain de ne pas être parfait et de commettre des erreurs. C’est pourquoi, il conviendrait, peut-être, de rappeler souvent une chose importante. 

Nous vivons dans un monde ou les torts causés aux minorités raciales ont été reconnus. Ils ont été déclarés contraires aux droits inaliénables de l’Homme, et ont même fait l’objet d’excuses publiques. Alors, il serait enfin temps que tous nous méritions notre titre un cran au-dessus des autres animaux.

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Commentaires

Togola Fousseni
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Ta lecture m'a emporté, mais tout compte à voir de près nous pouvons dire quant à moi que les théories qui essaient de comparer l'homme à des singes sont pour la plupart racistes. Il suffit de visionner les images postées à cet.

Honora
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Moi qui ne suis pas noire, j'ai été bien sûr choquée par le racisme de DARWIN mais pas seulement, il considérait les femmes inférieures aux hommes, les épouses "mieux que les petits chiens pour jouer et arrivait à la conclusion que si les girafes avait un long coup, c'était assurément pour "brouter les feuilles des arbres entre autres", Ma conclusion, c'est que DARWIN était stupide et qu'il est triste que l'ignorance généralisée en fasse encore aujourd'hui encore une référence

Ruben BONI
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Honora,
Sur certains points, je peux être d'accord avec toi mais il faut absolument replacer les choses dans leur contexte historique pour bien les comprendre. Darwin n'était absolument pas un saint. Cependant, il est indéniable que nombre de ses travaux ont influencé et influencent encore la science moderne. Ce que je recherchais tant bien que mal à démontrer ou à dénoncer, c'est les attitudes moyenâgeuses de certains sur cette planète. Il faut que cela cesse purement et simplement !

Anwen
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Bonjour,
L’immense essor que l’étude des sciences naturelles a pris semble n’avoir qu’un but : découvrir l’histoire positive de l’évolution de l’homme et des animaux.
Il est dans l’esprit de tous que la solution de cet immense problème ouvrira de nouveaux horizons à la science, que l’histoire définitive du développement primitif sera le premier mot d’une ère scientifique nouvelle.
Cette idée règne depuis longtemps dans l’esprit humain. Elle a été formulée par Socrate lorsqu’il disait aux philosophes qui cherchaient à pénétrer les secrets de la Nature : Avant tout connais-toi toi-même.
L’histoire de l’évolution n’est plus, aujourd’hui, une question philosophique ; elle ne peut plus être traitée autrement que sur le terrain des sciences positives. Les hypothèses n’ont plus de place dans la science. Pour avoir le droit d’appeler l’attention des savants sur une nouvelle doctrine il faut apporter des faits et des preuves ; il est donc indispensable de suivre une méthode rigoureusement scientifique, l’importance de la question ne permet pas qu’il en soit autrement.
Pour que l’histoire de l’évolution soit complète il faut la diviser en trois parties :
La première doit comprendre l’Évolution anatomique, c’est-à-dire l’histologie et la morphologie qui en est la conséquence.
La seconde comprend l’Évolution physiologique, elle s’occupe de l’apparition et du développement des fonctions organiques.
La troisième comprend l’Évolution chimique ; c’est la plus difficile à faire. Pour y arriver il faut suivre pas à pas les combinaisons diverses qui se forment dans le corps vivant aux dépens du protoplasma originaire.
Deux méthodes seulement ont été considérées jusqu’ici comme pouvant être employées pour arriver à faire l’histoire de l’Évolution : l’Embryologie et la Paléontologie. Comme la Vérité est une, il faut forcément que les mêmes données historiques résultent de ces deux ordres de recherches, il faut que l’Évolution, dans ces trois divisions, aboutisse aux mêmes conclusions par la paléontologie et par l’embryologie. Si, cependant, nous nous trouvions en face de contradictions apparentes, quelle est, de ces deux sciences, celle à laquelle nous devrions accorder le plus de confiance ? C’est, sans aucun doute, l’Embryologie. Le développement de l’ovule est continu et sans lacunes, les données fournies par la paléontologie sont incomplètes. Il faut donc, en dernier lieu, recourir à la méthode infaillible.
De larges extraits consacrés à cette nouvelle théorie de l’Évolution de l’homme et des mammifères démontrée par le développement embryonnaire se trouve dans l’article dont je transmets le lien ci-dessous.
Il est conseillé à ceux qui, en général, liront cette nouvelle doctrine d’une grande hardiesse parce qu’elle est d’une grande simplicité, et à ceux qui se livrent à l’étude, si intéressante, de notre origine, de mettre en pratique, dans cette occasion, la méthode de Descartes, de faire table rase, dans leur entendement, de toutes théories existantes, de se mettre dans la situation d’esprit d’un homme qui n’aurait aucune notion des hypothèses émises sur ce sujet et d’examiner, avec cette liberté d’esprit, les diverses phases traversées par l’embryon pour devenir soit un homme soit un animal quelconque, c’est-à-dire de regarder la Nature telle qu’elle est.
Lien : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/06/nos-veritables-origines-nos-racines.html
Cordialement.

Ruben BONI
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Merci de votre contribution scientifique. Je me suis instruit un peu plus en la lisant.