Côte d’Ivoire : plaidoyer pour un musée souvenir des crises sociopolitiques
Le 19 septembre de chaque année en Côte d’Ivoire est une date mémorable. A cette date, selon leur propre vision des évènements, quelques internautes rappellent le souvenir de la rébellion armée. Celle qui a occupé et divisé le pays en deux durant huit ans. Dans le flot des souvenirs qui ressurgissent, on peut subtilement entrevoir une société ivoirienne encore polarisée. Dans l’optique d’éviter une énième situation de tragédie, dans ce billet, nous tenons un argumentaire particulier. Nous proposons la création d’un musée du souvenir des crises sociopolitiques qui ont marqué l’histoire du pays.
Psychanalyse d’une société ivoirienne
« Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre », disait Winston Churchill. Il y a de cela 19 ans aujourd’hui que la Côte d’Ivoire connaissait une rébellion armée. Pour certains, clairement, cette date rime avec fière revendication et affirmation de son identité niée. Pour d’autres, par contre, elle est synonyme de douleur et d’horreur gratuite. Un peu comme les deux facettes d’une même pièce de monnaie, le 19 septembre continue d’opposer les points de vues. Elle oppose au sein des générations d’Ivoiriens sans réellement en ressortir une leçon commune à garder.
Ainsi, sous les expressions de farceurs et volontairement moqueuses d’une société ivoirienne, couvent de graves blessures sociales. Et aussi des traumatismes jamais vraiment pansées. On vit l’un à côté de l’autre sans véritablement vivre la vraie fraternité décrite dans l’hymne national ivoirienne. Le psychologue dirait qu’il faut pour cela à la Côte d’Ivoire une psychanalyse générale. Allusion faite à la technique inventée par Freud permettant au patient d’explorer son inconscient pour essayer de résoudre les conflits qui remontent à son enfance et pèsent sur son existence.
Un musée pour garder le souvenir de son tragique passé
Pour ma part, le processus de renaissance de la Côte d’Ivoire pourrait se faire au travers d’une décision forte. Celle de créer une institution : le mémorial du souvenir des crises successives qu’a connu le pays. En effet, l’étude de l’histoire politique démontre que la Côte d’Ivoire indépendante a connu diverses crises. Les points culminants de ces crises ont été atteints en 1993, 1999, 2002 et 2010. Le lourd passif hérité de ces dates reste encore à vider. Il faut le vider avec méthode et stratégie.
Comme pour le génocide Rwandais, il faut à la Côte d’Ivoire sa propre maison du souvenir dédiée aux crises sociopolitiques. Ce musée du souvenir, œuvre du travail impartial de recherche de divers chercheurs, pourrait rassembler avec intelligence les faits historiques. Le but étant de transmettre des valeurs de tolérance et de vivre ensemble. Ce musée dédié pourrait ainsi veiller à préserver la mémoire de ces périodes tragiques. Pour que les souffrances endurées par les peuples et communautés de Côte d’Ivoire ne tombent pas dans l’oubli.
Eduquer à la manifestation d’un comportement de tolérance et de paix
Ce musée ou mémorial, lieu pédagogique, pourra certainement accueillir de nombreux visiteurs. Il pourrait leurs permettre de découvrir, grâce à des spectacles, des scénettes, des récits, des sculptures, des tableaux, des chants récents ou de l’époque, des animations numériques, des panels, des conférences, de la documentation, des explications de guides, etc. les histoires tragiques du pays, afin d’éduquer les citoyens de tout âge à la manifestation d’un comportement de paix.
J’aurais aussi voulu proposer que des individus de bonne volonté puissent mettre en place un tel musée ou mémorial. Mais eu égard aux risques de récupération politique, une institution nouvelle serait l’idéal pour porter le projet de musée.
Pour finir, je ne peux m’empêcher de penser à la « loi de la duplication historique » de Karl Marx. Le philosophe affirmait en des termes à peu près semblables que tous les grands événements de l’histoire se produisent pour ainsi dire deux fois. La première fois comme une grande tragédie, la seconde fois comme une farce sordide. Dans le cas de la Côte d’Ivoire, je me demande encore si la tragédie a suffisamment été atteinte. Quoiqu’il en soit, je ne souhaite pas que l’histoire du pays s’écrive comme une farce sordide. Pour cela, un lieu de mémoire collective me semble être utile pour mieux apprendre des expériences du passé.
Revivons en image, un certain angle vue de l’histoire politique tumultueuse de la Côte d’Ivoire.
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